Tout savoir sur l'Analyse Couleur Personnelle
cf. La Colorimétrie - PARTIE 1
Vous avez peut-être déjà connu cette situation ? L’une de vos amies vient d’arriver et elle irradie quelque chose de surnaturel. C’est bien elle, mais en mieux.
Résultat, vous vous perdez en conjectures. Elle a fait quelque chose, mais quoi ? un régime ? du botox ? Elle est amoureuse ? Non, vous n’y êtes pas du tout.
Alors qu’est-ce que c’est ? Une nouvelle robe ? Oui, et non… Ce qui lui donne ce « wonderful glow », cet éclat incroyable, c’est effectivement ce qu’elle porte. Mais ce n’est pas que ça.
En fait, elle porte l’une de ses meilleures couleurs : une couleur qui matche avec son énergie personnelle et qui la renforce. D’ailleurs, c’est une couleur que vous ne lui aviez jamais vu auparavant.
Pour la découvrir, votre amie vous explique qu’elle a passé un « test colorimétrique » avec une consultante en image.
Et à présent, votre curiosité est à son maximum.
Justement, dans ce 1er article en 2 parties, je fais le tour complet des questions que vous vous posez (peut-être) sur la Colorimétrie. Ce que les américaines appellent Personal Color Analysis, l’Analyse Couleur Personnelle.
- Qu’est-ce que c’est ?
- D’où ça vient ?
- À quoi ça sert ?
- Est-ce que c’est fait pour Vous ?
Et surtout, ce que personne n’explique jamais clairement : comment ça marche scientifiquement ? Tout à fait, scientifiquement. On ne s’appelle pas Une Science Sous la Robe pour rien, n’est-ce pas ?
N’hésitez pas à utiliser (ouvrir/fermer) la table des matières ci-dessous pour naviguer plus rapidement.
Qu’est-ce que l'Analyse Couleur Personnelle (ACP) ?
D'où ça vient ? Et à quoi ça sert ?
L’ Analyse Couleur Personnelle (ACP) désigne une technique mise au point dans les années 1940 aux États-Unis. Celle-ci permet à toute personne de trouver les couleurs de vêtements et de maquillage qui s’accordent le mieux possible avec son teint, la couleur de ses yeux et la couleur de ses cheveux.
De nos jours, les Conseiller(e)s en image l’utilisent pour montrer à leurs client(e)s quelles couleurs les flattent, ou au contraire les desservent.
Dans ce but, elles placent successivement différents morceaux de tissus ou de papiers colorés sous leur visage – une pratique appelée draping* – et elles observent l’effet de chaque couleur sur le teint de la personne testée.
D’abord confidentielle et artisanale, cette technique est devenue extrêmement populaire aux États-Unis dans les années 1980, grâce au livre « Color Me Beautiful » (1980) de Carole Jackson.
Pourtant, en dépit de son immense succès, cette technique va mettre quinze années à traverser l’Atlantique. Et une fois arrivée en France, elle sera encore réservée aux gens d’image et aux artistes (télévision, cinéma, showbiz, politiciens, dirigeants, etc.) jusqu’à ce que certaines émissions de télévision la fassent connaître.
Aujourd’hui, elle gagne plus que jamais en popularité.
Quels sont les bénéfices d'une Analyse Couleur ?
Les bienfaits d’une Analyse Couleur sont si nets qu’ils font d’elle une technique de développement personnel à part entière.
Les plus souvent cités sont une plus grande confiance en soi, une meilleure visibilité professionnelle et personnelle, davantage de plaisir à s’habiller et plus de bienveillance et d’amour pour soi-même.
Analyse Couleur Versus Colorimétrie
Les français(es) préfèrent le terme plus technique de Colorimétrie, du nom d’une discipline de la psycho-physique qui mesure la couleur pour la relier aux perceptions humaines.
Néanmoins, ce nom est-il bien adapté ? Si la question fait débat, personnellement je préfère l’appellation d’origine. C’est donc celle que j’utilise dans mes articles.
Quelles sont les origines de l'Analyse Couleur ?
Pour les gens qui connaissent bien cette technique, c’est une évidence. Mais peu de gens réalisent l’enchaînement de découvertes et la quantité de travail qu’il a fallu pour en arriver là. Écoutez donc ça.
L’ ACP repose à la fois sur la Théorie de la Couleur et sur la Théorie des 4 Saisons. Et toutes deux sont nées d’une suite d’observations et d’expériences menées depuis la fin du 17ème siècle par des scientifiques et par des artistes : Newton, Chevreul, Munsell, Itten, Robert Dorr, Susan Caygill, et beaucoup d’autres.
Nous allons prendre un peu de temps pour rencontrer les différents protagonistes de cette histoire. C’est tout à fait passionnant. Mais si par hasard cela ne vous intéressait pas, rendez-vous directement à la 2ème PARTIE de cet article.
1. NEWTON – le mystère de la Couleur enfin élucidé
Pour commencer, le scientifique Isaac Newton (1642-1727) jette les bases de la Théorie de la Couleur en 1666, quand il fait l’expérience de décomposer et recomposer la lumière blanche à travers un prisme.
Il est alors le premier à proposer le classement des couleurs sur un cercle dit « chromatique ». Toutes les couleurs et leurs différents mélanges sont représentés. Ce qui constitue une avancée majeure.
2. CHEVREUL – le chimiste et la Mode
Ensuite, c’est le chimiste français Michel Eugène Chevreul (1786-1889) qui va poser sans le savoir les premiers jalons de l’ACP, en étudiant de manière très approfondie la perception colorée et la juxtaposition des couleurs.
La loi du contraste simultané
En 1813, Chevreul est nommé directeur de la Manufacture Nationale des Gobelins. Or, les teinturiers se plaignent des teintures. Selon eux, elles ne donnent pas les résultats attendus. Rapidement, il découvre que la cause n’est ni chimique, ni physique. C’est la juxtaposition des couleurs qui modifie la perception visuelle de l’homme.
Et il va étudier ce phénomène pendant 15 ans !
Résultat, en 1828 Chevreul publie un énorme ouvrage : « De la loi du contraste simultané des couleurs » dans lequel il décrit très longuement comment les couleurs s’influencent visuellement les unes les autres (voir document ci-joint).
Les Premiers Draping
Une petite partie de ce livre imposant est dédiée à l’habillement (p.320 à 355). Chevreul y consigne l’utilisation de « draperies » colorées à l’aide desquelles il étudie l’effet des couleurs sur des visages aux peaux très diverses : blanches, plus ou moins claires, rosées, rouges cuivrées, noires et même olivâtres !
Vous aussi, lisez ces pages et vous verrez comme ses préconisations et sa technique sont comparables à celles d’aujourd’hui ! Le livre est en accès libre, ici.
Chevreul, influenceur malgré lui...
Finalement, en 1855, le livre de Chevreul est même traduit en anglais. Et le magazine féminin américain, the Goodey Lady’s book, ne s’y trompe pas. Aussitôt, ce bisannuel de 650 pages s’empare avec passion de la loi d’assortiment des objets colorés et la présente à son audience, un public peu éduqué en la matière.
Le magazine avise ainsi ses lectrices : « prendre connaissance des règles d’accord des couleurs vous permettra de les sélectionner prudemment, et d’éviter de grosses fautes de goût, aussi bien pour la décoration de la maison que pour le choix des vêtements ».
Godey’s Lady’s Book (1857-1859) – archives publiques HathiTrust
3. MUNSELL – les 3 Dimensions de la Couleur
En 1905, l’artiste et professeur d’art américain Albert Henry Munsell (1858-1918) succède à Newton et à Chevreul.
Après un voyage en France, où il a étudié la couleur et très certainement visité les Gobelins, Munsell crée le premier nuancier industriel standardisé (l’Atlas des couleurs). Et il définit du même coup les 3 Dimensions de la Couleur :
- la TEINTE (Hue) : couleur de base
- la VALEUR (Value) : claire ou foncée
- la SATURATION (Chromaticity) : pure ou grisâtre
C’est une étape capitale. Pourquoi donc ?
Parce que ce modèle en 3 Dimensions permet de visualiser, de décrire et de comparer entre elles toutes les couleurs existantes.
Or, ce vocabulaire de la couleur est le cœur technique de l’Analyse Couleur Personnelle. Et si vous l’assimilez, votre expérience de la couleur devient plus riche, plus sensible et plus consciente, et ce, quelque soit le domaine d’application.
Si vous voulez acquérir ce vocabulaire, vous pouvez lire mon article sur la Théorie de la Couleur. Pour vous, j’ai pris le temps de définir et d’illustrer chacune des notions importantes de cette théorie.
4. ITTEN – le lien avec les 4 Saisons
Plus près de nous, le peintre et professeur d’art suisse Johannes Itten (1888-1967) poursuit également les travaux de Chevreul.
Couleurs objectives et couleurs subjectives
En 1928, au beau milieu d’une étude sur les accords de couleurs, Itten identifie 2 approches artistiques possibles :
- une approche objective de la couleur, qui repose sur des principes rationnels ;
- et une approche qui explore le vécu subjectif de la couleur, les préférences individuelles.
Naissance de la Théorie des 4 Saisons
À cette époque, Itten considère que les « couleurs subjectives » sont d’une valeur artistique inférieure. Pourtant, elles le conduisent à faire un lien entre les couleurs de l’homme (peau, cheveux, yeux) et ses goûts personnels, et a posteriori, à connecter les coloris humains et les couleurs des 4 Saisons.
C’est ainsi qu’apparaît la fameuse Théorie des 4 saisons.
Celle-ci soutient que chez l’Homme s’expriment les mêmes harmonies de couleurs que l’on trouve dans la Nature et qui sont propres à chaque saison.
Je décortique cette théorie pour vous ici, dans un article très complet.
Johannes Itten - "L' Art de la Couleur" (1961) - Extraits :
« Pour émettre un jugement (sur la signification des accords subjectifs de couleurs), ce n’est pas seulement la couleur des cheveux, des yeux et de la peau qui est décisive. Le caractère le plus important est le rayonnement de l’individu. Autrement dit, son aura.
(…)
Aider un élève à trouver les formes et les couleurs qui correspondent à sa personnalité, cela signifie le révéler à lui-même.
(…)
Un type physique aux cheveux blonds devrait peindre des sujets tels que : le printemps, le jardin d’enfants, baptême, fête des fleurs, matinée au jardin, etc. Ses études d’après nature devraient être multicolores et sans contrastes clairs-obscurs.
Un type physique brun devrait avoir pour travail : nuit et lumière dans un local sombre, tempête d’automne, enterrement, deuil, orchestre noir, etc. Les études d’après nature peuvent être exécutées au fusain ou avec des couleurs blanches et noires.
On ne doit donc pas donner à des types différents les mêmes sujets. »
(…)
« Chaque femme devrait savoir comment les couleurs réagissent sur elle, quelles sont ses couleurs subjectives et leurs complémentaires. »
5. DORR – Le Premier "Color Analyst"
En même temps qu’Itten, l’artiste américain Robert Dorr (1905-1979) – qui peint des portraits de stars à Chicago – fait une autre découverte.
Des peaux chaudes et des peaux froides
Il réalise que les couleurs contiennent toutes un mélange de pigments qui tend soit vers le jaune, soit vers le bleu. Et cela concerne aussi les couleurs de peaux. Dans certains cas, la peau est plutôt couleur pêche – donc chaude – et dans d’autres cas, la peau est plutôt rosée – et froide. Robert peint essentiellement des peaux blanches, mais il observe que cela reste vrai quelque soit la couleur de peau.
Les premières palettes de couleurs
Après cette découverte, il devient le premier Consultant en couleur pour l’industrie des cosmétiques. Et en 1938, il crée « The Color Key System » pour ses clientes : deux palettes de 170 couleurs – Key 1 et Key 2 – pour les peaux froides et les peaux chaudes.
Preuve que son invention est géniale, l’industrie du cinéma s’en empare aussitôt pour coordonner les couleurs et s’assurer qu’elles s’harmonisent bien à l’écran.
La profession de « Color Analyst » est officiellement née.
6. Suzanne CAYGILL – Les débuts de l'Analyse Couleur Personnelle
Enfin une femme dans cette longue histoire d’hommes : let me introduce Suzanne Caygill !
Effectivement, tout le monde s’entend pour dire que la styliste et modiste californienne Suzanne Caygill (1911-1994) est la première à formaliser et pratiquer l’Analyse Couleur Personnelle et à appliquer la Théorie des 4 Saisons à l’habillement féminin.
Plus précisément, Suzanne commence son activité d’analyste en 1942. Probablement influencée par Dorr et par Itten, elle classe ses clientes selon les 4 Saisons. Et très progressivement, elle développe jusqu’à 64 profils dont elle identifie à la fois le style vestimentaire et les caractéristiques psychologiques.
Ce que l'on retient de Suzanne
- Sa pratique est très artisanale. Pour ses clientes, Suzanne peint des palettes de couleurs sur-mesure auxquelles elle ajoute des morceaux de tissus, des imprimés (voir le document d’archive ci-dessus) et des conseils vestimentaires.
- Son activité reste confidentielle pendant une bonne dizaine d’années. Les femmes qui s’offrent ses services sont peu nombreuses et elles se transmettent son adresse de mère en fille. Leur nombre atteindra par la suite des dizaines de milliers de femmes.
- Elle sort de l’anonymat en 1952 quand la chaîne CBS lui offre son propre show télévisé «Living with Suzanne», conçu pour un public féminin. Elle y donne des conseils sur les relations personnelles, les vêtements, le maquillage, les chapeaux et la manière de composer sa propre palette de couleurs.
"Color, the essence of you"
En 1980, Suzanne publie enfin « Color, the essence of you ».
En lisant ce livre devenu très rare, j’ai bien sûr été frappée par son approche artistique extrêmement inspirée.
Suzanne y décrit les 4 Saisons avec un langage imagé et précieux de naturaliste, personnifiant chacun de ses profils à l’aide d’un élément naturel végétal (énergie féminine yin) ou minéral (énergie masculine yang), et d’une caractéristique Humaine.
Ci-joint, vous trouvez par exemple l’un des 16 Printemps de Suzanne, « the early spring, fruit blossom, willowy » : le printemps précoce, pommier en fleurs, élancé.
Hélas, les indications de Suzanne sont très restreintes et principalement axées sur l’aspect psychologique des 4 Saisons. Ce qui rend l’identification à une saison presque impossible.
Comparaison avec "Color Me Beautiful" de Carole Jackson
J’ai ensuite comparé le livre de Suzanne avec son concurrent direct, le très célèbre « Color Me Beautiful », paru la même année.
Et il faut bien avouer que ce dernier est à la fois plus moderne et plus pratique, avec ses 4 palettes de 30 couleurs illustrées et ses nombreux témoignages féminins. Il est donc très facile de comprendre son succès populaire.
La simplification du processus et les nombreuses explications ont rendu la technique plus accessible et permis à de nombreuses femmes (mais pas toutes) de s’identifier à l’une des 4 Saisons.
L'héritage de Suzanne
Pour conclure, Suzanne formera en tout et pour tout une trentaine d’étudiants dans son Academy of Color, parmi lesquels Carla Mathis et Rochele HC Hirsch. De nos jours, 19 d’entre eux sont encore en exercice et ils ont formé à leur tour environ 400 analystes qui poursuivent le travail de Suzanne.
En revanche, contrairement à ce qui a été dit ailleurs, Suzanne n’a jamais formé Carole Jackson. Rochele, sa collaboratrice de longue date, confirme que Suzanne supposait que la mère de Carole avait été l’une de ses clientes. C’était la seule manière pour elle d’expliquer la proximité dérangeante du travail de Carole avec le sien.
Voilà.
Nous venons de rencontrer les principaux acteurs de cette histoire, qui ont tous contribué à améliorer notre compréhension de la Couleur et son rôle dans notre vie.
Maintenant, je vous propose de voir comment se déroule concrètement une analyse couleur. Pourquoi et comment ça marche ? Et si c’est fait pour vous ? C’est ici dans la 2ème PARTIE de cet article.
Toutes vos questions sont les bienvenues, j’y répondrai directement – ou par un article.
Et enfin, n’hésitez pas à me contacter si besoin, ici.